Trente officiers issus de onze pays sahélo-sahariens participent à une formation sur l’analyse du renseignement opérationnel
ALGER – Une trentaine d’officiers supérieurs issus des services des renseignements de onze pays sahélo-sahariens participaient mardi à Alger à une formation sur l'”analyse du renseignement opérationnel” en vue de renforcer les capacités des Etats membres de l’Union Africaine (UA) en matière de lutte anti-terroriste.
La formation initiée par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) en coopération avec la Police allemande (Bundeskriminlamt/BKA), vise à renforcer les capacités des Etats membres dans la lutte contre le terrorisme, à même de rendre opérationnel l’Architecture africaine de Sécurité (APSA) dans la région.
Neuf jours durant, des experts allemands hautement qualifiés vont dispenser une formation sur la collecte, l’analyse et l’évaluation du renseignement aux participants venant de onze pays sahélo-sahariens à même de rendre leurs actions efficaces face à la menace terroriste dans la région.
Cinquième du genre, la formation constitue pour la Commission de l’UA et le gouvernement allemand, engagé aux côtés du CAERT, par l’entremise de la police allemande, “une autre étape importante dans leurs efforts conjoints visant à renforcer les capacités des Etats africains en matière de lutte anti-terroriste”, a indiqué le chef de l’Unité base de données et documentation du CAERT, Ameur Dahmani, à l’ouverture de ces assises.
Elle est destinée essentiellement aux Etats impliqués dans le processus de Nouakchott et celui de Djibouti, à la suite d’une demande expresse des Chefs des services de renseignement et de sécurité desdits processus d’une part, et d’autre part, d’un besoin identifié par le CAERT lors des missions d’évaluation menées dans ces Etats depuis 2011.
Expansion du terrorisme au Sahel, conséquence de la crise en Libye
Les conséquences de la crise en Libye continuent de hanter la région ont été soulignées par M. Dahmani lors de la cérémonie d’ouverture de la formation.
“Des groupes terroristes, de près ou de loin, semblent se livrer à des activités coordonnées, causant des centaines de victimes parmi les personnels de sécurité de la population civile”, a dit M. Dahmani.
Après avoir loué les efforts consentis dans le cadre du Processus de Nouakchott, M. Dahmani a rappelé que le terrorisme et le crime organisé continuent de “représenter des menaces réelles à la paix et à la sécurité dans le continent, surtout dans la région sahélo-saharienne”.
“Des événements en cours au Sahel et à l’étranger tel que l’infiltration des éléments terroristes dans les communautés, les frontalières notamment, nous interpellent sur la nécessité urgente d’approfondir et d’élargir notre système de collecte de renseignement”, a ajouté le représentant du directeur du CAERT.
Figurent parmi les défis à relever en matière de poursuite pour crimes à caractère terroriste, d’après le responsable, “l’utilisation des renseignements et les informations obtenus à travers les enquêtes, collecte des preuves et d’autres aspects du processus d’enquête dont l’arrestation, la détention, le traitement et l’interrogatoire des suspects terroristes”.
M. Dahmani, n’a pas manqué d’évoquer l’importance de la sécurité frontalière et l’inter-connectivité des bases de données aux niveau régional et national dans la diffusion de l’information en temps opportun entre les parties prenantes ainsi que les opérations de ratissage conjointes le long des frontières.
L’UA et le gouvernement allemand plus que jamais engagés
Engagé depuis 2006, soit trois années après sa création, l’Allemagne, par la voix de son ambassadeur à Alger, Lingenthal Gotz, a réaffirmé son dévouement et son appui constant au CAERT. “L’Allemagne a apporté son soutien au CAERT et continuera à le faire pour une lutte efficace contre le “terrorisme”.
Dans son allocution, M. Gotz a évoqué les attentats ayant secoué récemment de nombreuses capitales dans le monde, dont celui de Paris, Beyrouth et Bamako.
Il s’agit selon l’ambassadeur allemand, d'”un phénomène mondial qui nécessite une coopération internationale à laquelle il faudrait associer l’Afrique et surtout le Sahel”, a-t-il souligné.
Il y a lieu de souligner que l’objectif de cette rencontre d’échange émane du Processus de Nouakchott.
Lancé en 2013, le processus de Nouakchott est une plateforme initiée par la Commission de l’UA en vue d’améliorer la coopération en matière de sécurité dans la région Sahélo-saharienne.
Le but de cette formation découle également des clauses du Processus de Djibouti. Cet accord de paix signé en 2008 à Djibouti est un accord de paix conclu entre le gouvernement fédéral de transition (GFT) et l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS). Celui-ci (processus de Djibouti) est censé ouvrir la voie à la cessation de tous les conflits armés à travers la Somalie.
Pour ce qui est du CAERT qui se veut un espace d’échange d’études et d’expertise, il a été créé par l’UA pour centraliser les informations et les études sur le terrorisme.
L’action de cette structure régionale, inaugurée en 2003 et dont le siège se trouve à l’Alger, est fondée sur un double partenariat: interafricain et international.
Outre l’Algérie, douze pays Sahélo-sahariens sont invités à ce cycle de formation, à savoir la Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Libye, Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Kenya et la Somalie, en plus du Centre conjoint de renseignement et de fusion de la région des Grands Lacs (JlFC).
Source: APS